La révolution iranienne 1978

La révolution islamique de 1979, qui porte au pouvoir l’ayatollah Khomeyni, a durablement transformé l’Iran. La république islamique toujours en place actuellement est l’héritière directe de cet événement, qui a marqué toute la région, mais aussi le monde.

Pour en comprendre les origines, il faut saisir que l’Iran de 1979 est un pays malade. Le régime du chah Mohammed Reza Pahlavi, souverain autocratique, est très déconsidéré. S’il a fait figure de monarque éclairé et modernisateur au cours des années 1960, le chah appuie son pouvoir sur l’armée et sur une police secrète redoutée, la Savak. Il dirige ainsi un pays dans lequel l’opposition politique est muselée. Car il fait face à deux grandes menaces : la première est celle des milieux chiites intégristes, très mécontents de l’occidentalisation du pays et notamment de la trop grande liberté accordée aux femmes – essentiellement dans les zones urbaines, car la réalité des campagnes est bien différente. La seconde opposition est celle des élites urbaines, des milieux politisés et universitaires qui s’opposent quant à eux au caractère autocratique, au manque de liberté et à la trop grande soumission – réelle – du régime aux desiderata du gouvernement des États-Unis.

À quoi ressemblait l'Iran avant la révolution de 1979 ? | Archive INA

Khomeyni : l’opposant en exil prépare la république islamique

L’ayatollah Khomeyni, né en 1902, est un opposant de longue date du régime iranien qu’il considère comme impie ce qui, à partir de 1964, entraîne son exil dans divers pays, mais essentiellement en Irak. Il poursuit ses activités de prédications contre le pouvoir en place dont il appelle le renversement. En attendant le retour de l’imam caché (mahdi, en arabe) qui, selon les tenants du chiisme, annoncera la fin des temps et rétablira la paix sur la Terre, Khomeyni théorise l’idée d’une république islamique, un système « démocratique » qui serait dirigé par un collège de religieux.

Au cours des années 1960 et 1970, l’industrialisation rapide du pays entraîne une augmentation considérable du prolétariat urbain : les paysans quittent leurs villages pour travailler dans les usines, ce qui a pour effet de renforcer l’influence du clergé dans les grandes villes du pays, dont il était jusqu’ici assez absent. Début 1978, des révoltes soutenues et encouragées par des meneurs religieux éclatent dans les villes de Tabriz et Qom et sont matées dans le sang par le régime. Les obsèques des victimes sont l’occasion de nouvelles manifestations, elles aussi réprimées, ce qui engendre un cycle de soulèvements contre le régime. Ce dernier doit par ailleurs faire face à une inflation galopante qui l’oblige à geler les salaires, accroissant encore le mécontentement qui fédère des laïcs et des religieux contre un régime honni – même si chaque camp a des idées radicalement opposées sur la façon d’envisager l’avenir du pays. Le pouvoir décrète la loi martiale tandis que les universités sont paralysées.

8 septembre 1978 : le vendredi noir

Le 8 septembre 1978, c’est le « vendredi noir » : une grande manifestation à Téhéran est dispersée par l’armée qui ouvre le feu sur la foule, faisant de nombreuses victimes.

La situation du chah est désormais intenable. En octobre 1978, Khomeyni est expulsé d’Irak et accueilli par la France, à Neauphle-le-Château, dans les Yvelines, d’où il poursuit ses activités, organisant de nombreuses conférences de presse.

Les États-Unis semblent décidés à lâcher Mohammed Reza Pahlavi, et les autres puissances occidentales leur emboîtent le pas. Une grève générale paralyse le pays, bloque l’industrie pétrolière et plombe l’économie. Un gouvernement militaire est formé pour tenter de débloquer la situation, sans effet.

Le 6 janvier 1979, le chah tente alors le tout pour le tout en nommant Chahpur Bakhtiyar Premier ministre. Libéral, parlant parfaitement le français (il fut officier dans l’armée française en 1940 avant de rejoindre la Résistance), il tente de ménager chaque camp ne souhaitant pas voir son pays tomber aux mains des communistes ou des mollahs. Il se montre donc conciliant envers les chiites intégristes, tout en rétablissant une partie de la liberté de la presse, en libérant des prisonniers et en faisant arrêter certaines personnalités corrompues ou honnies comme le redouté chef de la Savak, qui est dissoute. Ce mouvement apparaît aux yeux des observateurs pour ce qu’il est : une piteuse tentative de sauver les meubles, malgré toute la bonne volonté de Bakhtiyar.

Janvier 1979

Le 13 janvier, depuis les Yvelines, Khomeyni institue le Conseil islamique révolutionnaire, sorte de gouvernement en exil. Le 16, sur les conseils de son Premier ministre, le chah quitte le pays en compagnie de sa famille et de ses derniers fidèles, à destination du Caire, avant de finir sa course aux États-Unis. Le 1er février, Khomeyni atterrit à Téhéran et déclare vouloir former un gouvernement, niant toute légitimité à Chahpur Bakhtiyar, qui va bientôt se réfugier en France. Le 12 février, un gouvernement révolutionnaire est donc créé avec à sa tête, Mehdi Bazargan, un ancien opposant au chah. Ce chiite convaincu se méfie cependant du pouvoir exorbitant que pourraient prendre les mollahs. La nomination de ce Premier ministre « modéré » vise surtout à rassurer une partie de l’opinion publique laïque, qui ne souhaite pas qu’une dictature chasse l’autre.

C’est pourtant ce qui se passe. Les Gardiens de la révolution (pasdarans) ont la charge de mettre le pays au pas. Des purges sont organisées dans l’armée, jugée trop proche de l’ancien pouvoir ; des tribunaux révolutionnaires siègent, qui font fusiller des centaines d’opposants. Peu à peu, le gouvernement Bazargan est dépossédé de tout pouvoir.

Avril 1979 : la République islamique est proclamée

Le 1er avril 1979, la République islamique d’Iran est proclamée. Le Conseil islamique révolutionnaire débute rapidement sa répression contre les minorités religieuses et ethniques, tandis que les banques, les assurances et les compagnies pétrolières sont bientôt nationalisées. Un bras de fer va commencer avec les États-Unis, surnommés le « Grand Satan » par le régime théocratique de Téhéran, dont la révolution conservatrice et religieuse, au moment même où le communisme s’essouffle, ne laisse pas de surprendre.

Cette « révolution » d’un nouveau genre se caractérise hélas par les nombreux débordements et purges propres aux autres révolutions du XXe siècle, avec des arrestations et exécutions massives d’opposants, notamment communistes, des expulsions et des assassinats ciblés.

La Révolution iranienne avec La Grande Explication | Lumni

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